Pas étonnant que les pas d’Aurélien Bory, l’arpenteur d’espaces, aient croisé ceux de Georges Perec. Pour le Festival d’Avignon 2016, l’artiste que Le Grand T accompagne depuis cinq ans crée un spectacle hommage, librement inspiré de l’obsession de l’agencement des formes, du trop-plein et de la disparition, qui traverse l’oeuvre de Perec. Une fascinante rencontre entre mots, corps et images.
« Vivre c’est passer d’un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner ». En préambule à Espèces d’espaces, Georges Perec trace en 1973 les contours d’une vie hantée par le vide – celui de la disparition précoce de ses parents dans les camps d’extermination nazis. Il y a longtemps que l’auteur et ses inventions ludiques accompagnent Aurélien Bory. Dans l’espace (au) singulier qu’est la scène, l’explorateur déplace les corps et les objets aux confins du connu, cherche un centre de gravité à nos existences. Avec la machine-théâtre et les histoires qu’elle contient, il élabore une pièce du « passage » : du langage à l’imaginaire, du dehors au dedans, de la vie à la mort. Dans la veine de Perec, Aurélien Bory entrelace malice et pesanteur en une poésie mouvante. Le théâtre est ce lieu d’où l’on peut voir nos histoires et les traces que les mots laissent. Nous y sommes, rêvons.