Le corps harangue-t-il ? Sur la symphonie techno jouée en live par Arnaud Rebotini, Alban Richard conçoit une chorégraphie qui puise sa puissance dans la ferveur. Corps éloquents, sermons et slogans, ce montage chorégraphique, musical et plastique, est exaltant.
Quatre danseurs déterminés, mus par des paroles qu’eux seuls entendent, délivrent leurs messages. À travers un lexique de mouvements inspiré des manifestations politiques, de discours de rues et des prêches de quatre prédicatrices américaines, ils épuisent leurs corps à retranscrire les prosodies. Alban Richard – directeur du CCN de Caen en Normandie – revient à Chaillot apposer sa signature singulière, son écriture précise reposant sur un savant agencement des partitions chorégraphiques, musicales et lumineuses qui mutuellement se donnent à voir. Après des créations avec de nombreux ensembles musicaux et compositeurs, il s’associe aujourd’hui à Arnaud Rebotini, dandy de l’électro française – César 2018 pour la BO de 120 battements par minute. Concert sur machines analogiques, images projetées, haut-parleurs, boules à facettes et stroboscopes contribuent à une interférence spectaculaire, un bain immersif. Quelle puissance décèle l’éloquence des corps ?