Sur le terrain multisport de leur quartier, cinq jeunes se retrouvent pour en découdre avec Dieu. À la sortie du caté, ces scouts d’Europe, cultivés à la Bible, à la science-fiction et aux émissions télé de politique internationale, sentent bien qu’il y a un problème. Vu la catastrophe écologique planétaire, il pourrait être pertinent de reconsidérer la domination de l’homme sur la nature et les animaux, d’interroger la définition du bien et du mal, non ? Pour comprendre ce rapport au monde, allons voir ce qu’assignait la Bible, il y a 4000 ans déjà. Avec leurs tenues sorties des fonds de placards, les scouts rejouent les épisodes de la Genèse : création, Eden, déluge, Noé, exode. Leur Babel est la ville de Shanghaï qu’ils fuient pour Djibouti, une planète à coloniser peuplée d’autochtones et de moutons électriques. Sur ce champ de bataille interstellaire où combattent humains et humanoïdes, il est question du vivant, de ses origines et de son extinction. Lignes au sol, grillages et chaises d’arbitres deviennent frontières, murs et miradors : l’apocalypse est annoncée, « la terre est plate et Dieu est mort ». Depuis Vivipares et son second épisode(Posthume) qui ont enflammé les éditions 2015 et 2016 de Théâtre en mai, la fantasque Céline Champinot – artiste associée au TDB, sonde les histoires de l’humanité à travers un prisme pop, politique et poétique. Sous l’inspiration de la SF de Philip K. Dick, son écriture musicale et ciselée, extrêmement documentée, est ingérée puis proférée, chantée, dansée par cinq actrices dégenrées. Ce n’est pas la fin du monde, c’est un cri au plafond des ciels.