Il y a eu Plaire, aimer et courir vite au cinéma, puis la publication du récit autobiographique Ton père. Christophe Honoré termine son triptyque sur l’homosexualité en ressuscitant au plateau la génération sida de ses idoles brûlées trop vite. Et les voilà, aussi brillantes et agaçantes qu’en vrai, sous les traits d’actrices et acteurs exceptionnels. Une déclaration d’amour, un regret poignant, un exercice drôle et irrévérent.
Ces années-là, c’était les années sida : on le découvre, il se propage, on en porte les stigmates, on en meurt. Encore étudiant, Christophe Honoré quitte Rennes pour Paris où il comprend que tous ceux qu’il aime, qu’il admire, sont partis : les dramaturges Jean-Luc Lagarce et Bernard-Marie Koltès, le chorégraphe Dominique Bagouet, le romancier Hervé Guibert, le critique de cinéma Serge Daney, les réalisateurs Cyril Collard et Jacques Demy. Tous étaient homosexuels. Qu’ils soient hommes ou femmes, au plus près du désir et des idées, les acteurs donnent chair à ces figures et aux questions cruciales que la sexualité, l’amour, la mort suscitent. Il y a l’aveu des uns, le déni des autres, l’engagement ou le repli de certains. Ils dansent, parlent, chantent, s’engueulent, rient et nous invitent à ne pas oublier ce que le sida fait.