« La suspension est l’endroit d’une utopie au sens très physique : quand on est suspendu, on est amené dans un non-lieu. Ni on existe ni on inexiste, on est dans cet endroit d’une utopie qui peut être terrible mais aussi fertile. »
Pour le podcast Utopies Plurielles de La Turbine, j’ai convié Chloé Moglia à suspendre avec moi le temps au fil de notre attention, à délier nos imaginaires et à cheminer par l’art au sein du vivant. Sa pratique suspensive est une promenade intranquille sur des lignes brisées, spiralées, des structures-sculptures haut perchées. Entre terre et air, son art de la suspension repose sur une « écologie » de l’attention, une économie d’énergie, une tentative de résolution non dualiste entre tension et relâchement, ancrage et élévation, inspir et expir. Et si l’utopie n’était pas de l’ordre du discours mais expérience d’une « pensée incarnée, d’une corporéité sensible » selon ses termes ? Allons voir ce que cette manière d' »être-au-monde » inspiré par la complexité et l’unicité du vivant peut créer comme modalités « rhizomiques » ou « sylvestres » d’un autre possible.
« Être bien vivant, c’est accepter qu’on est bien mortel. […] Être bien vivant, ce serait reconsidérer qu’on n’est pas vivant tout seul, qu’on est composé du maillage du vivant et qu’on le compose également. […] On ne peut pas vivre dissous dans le monde mais on pourrait s’accorder des temps de dissolution. »
à écouter en ligne sur le site de la turbine
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interview réalisée par Mélanie Jouen à Trédion, Morbihan, le 03 février 2022
montage : Mélanie Jouen
extrait sonore : Chloé Moglia interprète une variation d’Horizon pour Arte en scène et La Blogothèque, 2020 référence : le site de Rhizome