La Compagnie 14:20, initiatrice du mouvement de la Magie nouvelle, crée avec le Théâtre National de Chaillot et au CENTQUATRE-PARIS une allégorie de la lutte, poétique et politique. Que traversons-nous lorsque s’annonce l’inéluctable ? Sur la musique vibrante d’Ibrahim Maalouf, les corps bravent la gravité, l’énigme et l’absolu. Immersion dans un sublime chant d’espoir et d’émotion magique.
C’est le cheminement intérieur d’un homme. Nous traversons ses états, ses vertiges et nos illusions.
Du déni à l’acceptation, insoumission et résignation submergent la réalité : la mort annoncée. Son voyage symbolique est celui de qui vit toute perte (de soi, de l’autre, du devenir ou de la liberté), que le naufrage soit intime ou sociétal. De la surface aux abysses, nous suivons cet homme auprès de ses proches, à la rencontre de l’inconnu. Ellipse, apparition /disparition, vol humain, ubiquité : temps, espace et corps fragmentés troublent nos perceptions. La magie et la danse sont en interaction directe avec la lumière : la Compagnie 14:20 déséquilibre les sens et détourne le réel. Contorsion entre abandon et résistance, la chorégraphie d’Aragorn Boulanger, remarquée dans leurs précédents spectacles, défie les lois de la physique et tend vers le surréel.
Wade in the Water est à l’origine un chant d’esclave mythique d’Amérique du Nord, un appel à la fraternité et à la libération. Il n’y avait qu’Ibrahim Maalouf pour puiser aux sources la puissance rythmique du negro spiritual. L’artiste avait désir de créer avec la Compagnie 14:20 depuis leur rencontre et une collaboration scénique autour de l’album Illusions (2013). Clément Debailleul et Raphaël Navarro, venus à Chaillot en 2012 avec Vibrations, oeuvrent à faire émerger un sentiment magique, archaïque. Cet étrange état qui bouleverse la finitude lorsque le merveilleux survient.